Culturel



" L'analyse d'une Oeuvre "                      

                   par François Walgenwitz        francois.walgenwitz@sfr.fr


                          

Brigitte Di Scala

Brigitte Di Scala 29c.jpg
Frémissement des arbres
Huile sur toile
(100x81cm)

       

        

«J’ai peint cette toile cet été. Il faisait particulièrement chaud, ce jour-là. Alors, je me suis réfugiée dans mon atelier après m’être promenée dans cette forêt douce et fraîche.»

          D’une récréation, Brigitte a fait de cette promenade une recréation…Le secret de la promenade étant la disponibilité de l’esprit, Brigitte s’est approprié ce qu’elle a vu et elle a capitalisé, en marchant, bien des émotions colorées , des souvenirs solaires. «La promenade, ce moment esthétique qui fait redécouvrir la légèreté de vivre, la douceur d’une âme librement accordée à elle-même et au monde.»(*)

          C’est, assurément à cet accord que «Frémissement des arbres» doit son admirable harmonie. Les couleurs chantent en chœur, à l’unisson. Dans ce tableau éminemment impressionniste, les fleurs et les herbes renoncent à leur individualité. Elles mettent leurs discrètes arabesques au profit d’un accord parfait ponctué de graminées d’où surgissent, sans se prévaloir, les ombelles des carottes sauvages, en une écriture penchée que Brigitte a adoptée dans la plupart de ses paysages.

Les frondaisons qui accompagnent le promeneur au cœur de la forêt sont savamment estompées. Il est vrai que la nature aime à se cacher…La profondeur des  fonds sombres en est un excellent complice…Le noir n’existant pas dans la nature, il est irrémédiablement banni de la palette de Brigitte. Ses fonds sombres sont de savants mélanges de vert, rose garance, ocre transparent, bleu outremer…Les délicates touches de verts qui en assurent le relief sont animées du frémissement annoncé. Ce frémissement est particulièrement sensible quand il se détache sur le ciel. Ce ciel virginal, qu’aucun trait de pinceau ne semble avoir caressé, est pourtant de Brigitte comme certains silences sont de Mozart…

          Dans ce tableau superbement construit, chaque chose est à sa place en fonction d’une esthétique naturelle, qui va de soi, qui est celle de la Création! Comme  pour toute construction aboutie, on est tenté d’en repérer la clef de voûte. Ne serait-ce pas cette carotte sauvage, anoblie par Brigitte qui en a fait son blason et dont l’éclat immaculé est, dans cette composition, dignement serti de velours aux nuances de vert impérial?




Brigitte Di Scala 30c.jpg
La clé de voûte


  

          Cette forêt, Brigitte la connaît depuis longtemps. «J’y suis allée souvent lorsque j’étais enfant, et j’y cherchais les fées et les lutins. En forêt, j’écoute les arbres, les oiseaux et les fleurs. J’ai pris l’habitude de serrer les arbres dans mes bras et ils m’offrent leur énergie.» Sensible à leur aura, à leur vibration, à l’écoute de ses sens, de ses perceptions, elle se laisse gagner par leur fort pouvoir relaxant, apaisant…

          «En fait, cette toile est un beau souvenir d’enfance et je n’ai pas encore fait le tour du sujet en peinture.»

 

 

                                                                                        Brigitte Di Scala 31c.jpg

 

 

 

 

(*) Frédéric GROS – Marcher, une philosophie – Carnets nord


 
Mention Légale: Tous droits réservés. Aucune reproduction même partielle ne peut être
faite de cette monographie sans l'autorisation de son auteur.