Culturel



" L'analyse d'une Oeuvre "                      

                   par François Walgenwitz        francois.walgenwitz@sfr.fr


                          

Christiane Ancel 



A chaque être une part de talent
Qui permet d'aller toujours de l'avant
Sinon, bien monotone serait notre passage
En ce monde souvent plein de nuages
                                                                                                       Christiane Ancel



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Nature morte aux citrons
Huile sur toile


 
 

   
    Plutôt que «nature morte», Stilleben est mieux à même de traduire la magie de la peinture de Christiane Ancel, cette magie qui émane de sa sensibilité, de son savoir-faire, de sa capacité à manier les couleurs et la lumière, à faire circuler l’air entre les objets, cette magie  qui va émerveiller le spectateur.

    Cette vie silencieuse se veut simple, à la manière de Jean-Baptiste Chardin, le grand maître du XVIIIème siècle, qui a inspiré à Marcel Proust cette phrase: «Avant d’avoir vu des Chardin, je ne m’étais jamais rendu compte  de ce qu’avait de beau, chez mes parents, la table desservie, un coin de nappe relevé, un couteau contre une huître vide.» L’art de Christiane Ancel éveille en nous une semblable révélation.

    Elle nous communique son émotion poétique par une organisation parfaitement harmonieuse des objets issus d’une thématique qui se réduit à un assemblage de deux fruits, organes vivants, d’un verre, d’un couteau, d’un pichet en étain, matière inertes. Ces éléments sont naturellement, usuellement, en rapport: le couteau avec les fruits, le pichet avec le verre d’eau. C’est l’amorce d’une narration qui relate des relations de cause à effet évidents, sans symbolisme voulu.

    La disposition des objets est rigoureusement étudiée. Elle les répartit sur trois plans allant du couteau à l’orange en partie masquée par le verre, ce qui confère à l’ensemble une agréable impression de profondeur. Le fond, traité dans des nuances chaudes, voisines de celles de la table-support, n’arrête pas la contemplation mais, renvoie au contraire l’attention du spectateur sur les objets et leur donne une valeur, une présence qu’ils n’auraient pas dans la réalité de tous les jours.

    Les couleurs sont vraies et leur alternance entre teintes chaudes et froides, joliment équilibrée. L’illusion des reliefs, des modelés est provoquée par la lumière, suprême accomplissement de la technique de Christiane Ancel: réfractions, transparences, reflets, nous subjuguent. Le verre lui-même est source de lumière. Grâce à une touche lisse, à l’absence de toute marque de l’outil utilisé, grâce à «l’évanouissement du métier», Christiane Ancel atteint au plus haut degré de la perfection. Saluons, par ailleurs l’élégant mouvement ascendant des feuilles qui donne vie à cette nature prétendue morte!...

 

    Plaisir des yeux, éveil des sens, cohérence de la composition, comme si tout allait de soi, sans aucun artifice. Cependant, la magie est là. Christiane, la pérennité, assurée de votre art est hautement méritée.



                                                                                           
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