Culturel



" L'analyse d'une Oeuvre "                      

                   par François Walgenwitz        francois.walgenwitz@sfr.fr


                          

Daniel Selig 



Hebdomeros


Daniel Selig 21
Huile sur toile, 116x89cm - 1986
Inspiré par l'oeuvre romanesque éponyme de Georgio de Chirico
© F. Walgenwitz



    

    

    Cette œuvre qui présente «un personnage irréel dans un registre fantastique pour le signifiant surréaliste par l’automatisme de la création» répond parfaitement au critère de cohérence que Daniel Selig a invariablement prôné.

    A priori, l’Hebdomeros de Georgio de Chirico est un homme. Or, ici, deux mains, dont l’une arbore des ongles peints, les lignes fuselées du corps et une jambe élégamment chaussée de très hauts talons attestent sa féminité. Remarquons que le réalisme de ce dernier détail contraste avec la figure déshumanisée de la personne. Il s’agit là d’une constante dans l’œuvre de Daniel Selig.

    Homme ou femme? Daniel Selig a-t-il voulu souligner l’universalité d’Hebdomeros qui se dresse de façon hiératique, impérative? Un personnage construit, édifié comme une statue, à partir d’éléments abstraits qui se conjuguent, s’enchâssent. L’ensemble fait penser à une sorte de machine dont les organes sont minutieusement reliés pour des fonctions qui nous échappent. A cette anatomie fantastique, nettement délimitée, compacte, s’opposent des faisceaux de ligne fluides, voilages, drapés qui s’enfuient latéralement, en tous sens. De ce «spectre lumineux» partent des vecteurs de décadrage qui, s’ouvrent vers un champ de forces infini. Le cadre du tableau est repoussé, il éclate, il disparaît…

    Mais le fond reste intact. Il est essentiellement noir, opaque. Il n’y a pas «d’espace» derrière. Seuls élément meublants: un disque solaire blafard, sans chaleur et sans vie et des arcades qui renvoient à celles des places d’Italie, calmes, mélancoliques, mystérieuses, peintes par de Chirico. Car, dans le livre du maître, l’espace d’Hebdomeros est intérieur, il est cellule et clôture. Il a horreur des panoramas. Il trouve le chemin de son inspiration  par le retrait vers l’origine de lui-même: Hebdomeros occupe une chambre  n’ayant pas de fenêtre du côté de la mer!...

    Ce qui vaut pour Hebdomeros, vaut pour de Chirico et est adopté par Daniel Selig. Il s’agit d’ôter à la nature sa vérité de convention pour lui en substituer une autre façonnée par l’illusion, par le rêve et qui ne peut venir que du plus profond de soi-même.



                                                                                           
Daniel Selig 22

 
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