Culturel



" L'analyse d'une Oeuvre "                      

                   par François Walgenwitz        francois.walgenwitz@sfr.fr


                          

Paul Welsch 



Portrait de la femme de l'artiste, 1928

Huile sur toile - 55,2 x 46 cm



Paul Welsch 31c
Musée d'Art Moderne et Contemporain de Strasbourg
© Photo: Musées de Strasbourg


 
 

    «La physionomie demeure l’indice le plus spectaculaire et la preuve la plus sensible de l’identité personnelle, d’où la fascination que, de tout temps, l’art du portrait exerce sur nous.» (1) Et là, plus de droit à l’erreur: le portrait est le domaine de la plus grande précision, celle de la ressemblance. L’art du portrait conjugue donc le noble devoir de mémoire  qu’il est seul à pouvoir remplir pour la postérité avec la difficulté sans précédent de la maîtrise du dessin qu’il suppose.

    Cette maîtrise, Paul Welsch la possède désormais. Peintre de la nature, il s’avère aussi, très tôt, habile portraitiste. En 1928, il est au sommet de son art. Sa virtuosité lui permet d’exprimer exactement l’atmosphère, «l’immanence du sentiment et de l’émotion» (1) qu’il veut susciter.

    Germaine, son épouse, est présentée assise, comme tous les portraits brossés par Paul Welsch. Le décor qui lui est associé est délibérément épuré pour donner plus d’intensité à son expression. La gamme de couleurs est limitée, sourde, à peine égayée par la carnation du visage et les touches de pourpre qui apparaissent dans l’échancrure de la veste et sur le ruban du chapeau. Ni bleus, ni verts, ni carmins dont la palette de l’artiste est, par ailleurs, très riche. On s’émerveille de cette science des couleurs qui fait vivre le modèle par leur parcimonie calculée. On retrouve, ici, ce qu’il a retenu de l’exemple de Cézanne: une leçon de dignité, le respect de l’essentiel.

    Mais, au-delà de cet art tranquille, précis, sans nulle recherche, ni rien de convenu, au-delà de cette composition harmonieuse des formes et des tons, au-delà de cette austérité élégante dont Paul Welsch ne s’est jamais départi, c’est la forte présence de Germaine qui fait la valeur exceptionnelle de ce tableau, une présence qui s’impose par son regard incisif, un regard qui interpelle, sévère de prime abord mais qui, au fil de la contemplation, laisse deviner l’amorce d’un sourire

    Portrait ô combien vivant. C’est un instantané. Par-delà le talent du peintre, opère la magie du «sur moi» de l’homme, de son élévation d’esprit et, assurément le profond sentiment d’amour qu’il éprouve pour Germaine, son épouse qui a toujours cru en la valeur de son œuvre et qui, après le mort de Paul Welsch, soucieuse d’en assurer la pérennité, se battra pour que ses tableaux ne soient pas remisés dans les réserves des musées auxquels elle les avait légués.

 

    Je considère ce portrait comme une œuvre emblématique de ce grand seigneur que fut Paul Welsch, la révélation d’un art de grande culture.


   
(1) Hector OBALK - Aimer voir - (c) Corpus Paris, 2011




                                                                                           
Paul Welsch 61


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