Culturel




" Une vie, une Oeuvre, pour le plaisir

   des passionnés d'Art Alsacien "                      

                               

  Monographies de Peintres Alsaciens par François Walgenwitz
francois.walgenwitz@sfr.fr


                          

François Fleckinger 

(1907-1993)



" Je suis un romantique ! "

    

    Au fait, qu’est-ce que le Romantisme?

    Delacroix note dans son journal intime: «Si l’on entend par «Romantisme» la libre expression de mes impressions personnelles et de mon éloignement des types sans cesse répétés, alors, je dois reconnaître que je suis un «Romantique».»

    «Le peintre romantique met la couleur à l’honneur…. Il se sert de la couleur, mais il peint avec ses sentiments…. Aux sources de la nature, il retrouve un élan et une fraîcheur en harmonie avec sa sensibilité. Ce qui donne des paysages-états d’âmes, le tout baigné d’une lumière inquiétante pleine d’une mystérieuse irréalité.», disaient les Romantiques allemands

    Dans quelle mesure l’œuvre de François Fleckinger s’inscrit-elle dans ce schéma? Dans quelle mesure son tempérament le porte-il vers l’épanouissement du  lyrisme personnel qui est le propre des Romantiques?

 © Norbert Fleckinger
François Fleckinger par Pierre Sturm


    François Fleckinger est né le 11 mars 1907, à Eguisheim, dans le beau pays de Colmar où l’âme de l’Alsace est si vivante, si richement présente.

    De 1923 à 1927, il suit les cours d’Alphonse Klebaur à l’Ecole des Arts Décoratifs de Colmar. Puis, il fréquente pendant un semestre l’Ecole des Arts Décoratifs de Strasbourg. Au début de son service militaire, à Lyon, il a la chance d’être remarqué par le colonel («le père du régiment»…)qui lui offre la possibilité de poursuivre ses études de peinture durant deux et demi à l’Ecole des Arts Décoratifs de la ville ;

    Durant toute cette période, il est en contact avec des artistes alsaciens de renom tels Bayer, Gall, Selig.

    En fait, il avait commencé à peindre dès l’âge de  quinze ans. Malheureusement, son père ne l’a pas encouragé à s’engager dans la voie de la création artistique. «Mon père avait une entreprise de décoration et je devais  apprendre à imiter le marbre et les veines du bois; cela ne m’enthousiasma guère…»

….Il a fallu, qu’il s’en libère pour assouvir sa vocation.

    «La peinture, c’était la passion des samedis et des dimanches, le reste de la semaine il fallait penser à nourrir la famille.» Il s’en donna les moyens en dispensant des leçons particulières et surtout, en devenant professeur à l’Ecole des Arts Décoratifs de Colmar durant l’occupation allemande. Résistant, passeur dans les Vosges, il fut dénoncé et incarcéré à Schirmeck dans le camp de sombre réputation, antichambre de la mort pour beaucoup. Joseph Rey, futur maire de Colmar, fut son compagnon d’infortune. La paix revenue et la liberté recouvrée, il s’adonne entièrement à son art. Colmarien d’adoption, il acquiert une petite galerie personnelle  au 7, rue d’Unterlinden.

    Il entre à l’Académie d’Alsace, devient sociétaire de l’AIDA et des «Artistes français». Jusqu’à l’âge de quatre-vingts ans, il enchaîne les expositions à Paris, Lyon, Lille, Strasbourg (galerie Aktuaryus), Mulhouse (SIM) et surtout à Bruxelles à l’exposition internationale de 1964. Il a remporté de nombreuses médailles et distinctions (Grand prix de la peinture de Nice, de New-York, prix Zwiller…)

            François Fleckinger est décédé à Colmar, le 27 février 1993

 

Ressentir est la clé de l'Art

 

    François Fleckinger est un aquarelliste réputé. «Technique correspondant le mieux à son tempérament, c’est dans l’aquarelle que son talent excelle, atteignant une maîtrise rare, inégalable…Son naturel fougueux, l’acuité et la justesse du regard, la spontanéité du geste et sa prestesse conditionnent la réalisation de ses aquarelles où personne mieux que lui ne sait exprimer l’exubérance, la joie de vivre, un brin de fantaisie, une sérénité glissant vers l’émotion…» (P S. Picard)

    Par ailleurs, il maîtrise parfaitement les autres techniques: la gouache, l’huile…Il s’exprime  dans des domaines aussi divers que la décoration (Composition sur le vin dans la gare de Colmar), la création d’affiche et d’étiquettes de vin, la lithogravure, l’illustration («Le vignoble de Turckheim» par André Billisch).

    Si son œuvre comporte de nombreux portraits, centrés sur les yeux et la bouche, et des bouquets minutieusement travaillés, François Fleckinger est avant tout un remarquable paysagiste. Peu intéressé par l’effet carte postale du vieux Colmar, il se tourne délibérément vers les villages environnants, les montagnes, les témoins du passé telles les ruines laissées par la bataille de Colmar, le thème de l’eau et celui de l’arbre, mais également les paysages de Haute-Provence où il se rend chaque année pour traquer «une autre lumière».

    Peintre typiquement alsacien, les Vosges sont pour lui une inépuisable source d’inspiration, à l’instar de son aîné Robert Kammerer. Il préfère peindre sur le motif, au grand air. Il lui répugne de rester confiné dans son atelier. «Nul mieux que lui ne sait capter l’instant, la lueur fugace, le reflet changeant…» (P.S. Picard), et transmettre l’émotion ressentie dans toute son ardeur; voir, se laisser imprégner par le paysage afin de lui donner du caractère.



© Norbert Fleckinger


    Coloriste inné, il met sa palette chaleureuse au service d’un impressionnisme respectueux de la réalité des choses. Sa touche – une texture lissée -  devient expressionniste quand il veut traduire des ciels tourmentés – wagnériens -, des effets de lumière violents, quand il veut restituer des ambiances dramatiques. De ce fait, l’été ne l’inspire guère: «La plaine, alors, est toute verte, sans nuances, un gigantesque jardin potager. Pas intéressant!». Il préfère l’automne et l’hiver propices à l’émotion et à la poésie.

 
    Insensible aux modes –qui sont faites pour se démoder-  François Fleckinger a su rester un artiste authentique, sincère, un observateur sensible, attentif qui, avec parfois une étonnante économie de moyens, a crée des images qui parlent aux yeux et au cœur.

            «Je recompose ce que je vois, comme je le ressens. Ressentir est la clé de l’Art.»

François Fleckinger est bien un Romantique!

Source

- Entretien avec Monsieur Norbert Fleckinger, fils de François Fleckinger

- Me F. Lotz – Artistes peintres alsaciens – Ed. Printek à Kaisersberg

- Francis Gueth – François Fleckinger

- Articles de presse, signés: Paul S. Picard (D.N.); B.R. (D.N.); G.K. (L’Alsace);Valérie Bapt

Portfolio

© Norbert Fleckinger
Le rescapé - Aquarelle - Collection particulière


© Norbert Fleckinger
Arbre mort - Aquarelle - Vers 1961 - Collection particulière


© Norbert Fleckinger
Sans titre - Huile sur toile - Collection particulière


© Norbert Fleckinger
Plaine inondée - Aquarelle - Collection particulière


© Norbert Fleckinger
Congère au-dessus du Franckenthal - Aquarelle (v. 1970) - Collection particulière


© Norbert Fleckinger
Cabane Carraud, massif de Coleon - Aquarelle - Collection particulière


© Norbert Fleckinger
Mittlach - Aquarelle - Collection particulière


© Norbert Fleckinger
Osenbühr - Aquarelle - Collection particulière


© Norbert Fleckinger
Gueberschwihr - Aquarelle - Collection particulière


© Norbert Fleckinger
Colmar, St Martin - Aquarelle (1938) - Collection particulière


© Norbert Fleckinger
Chapelle en ruine, Ammerschwihr - Aquarelle (1945) - Collection particulière


© Norbert Fleckinger
Bouquet - Huile sur toile - Collection particulière


© Norbert Fleckinger
Portrait de la grand-mère - Huile sur toile (1927) - Collection particulière



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