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" L'analyse d'une Oeuvre "                      

par François Walgenwitz      francois.walgenwitz@sfr.fr


                          

Camille Greth 

(1895 -1942)


 " Après le travail " (Aquarelle)


Camille Greth

Photo: R. Anisimoff

Après le travail – Collection particulière

    Voici un petit tableau (27 x 14 cm) qui mérite qu’on s’y attarde.
   
Tout d’abord, parce que la composition est rigoureusement étudiée. Dynamique!
Ensuite, du fait de l’influence remarquable de la lumière sur l’ambiance de la scène champêtre et son ascendant sur la couleur, traitée avec l’extrême sobriété qui est celle de la nature elle-même.
 
    Par ailleurs, ce qui fait la qualité spatiale de ce tableau, c’est, d’une part, la grande amplitude des distances suggérées entre le sujet le plus proche: la monumentalité des chevaux et le sujet le plus lointain: les peupliers et le clocher qui se détachent sur la ligne d’horizon et d’autre part, la graduation serrée  par laquelle nous avançons insensiblement d’un objet à l’autre dans la profondeur du tableau.
     
    La lumière, ici aussi, est au service le l’espace, et notamment  de la troisième dimension. Il suffit de suivre le chemin sinueux pour aller vers plus de lumière, à travers un camaïeu d’une grande variété de nuances de verts. On remarque le dosage savant entre l’obscur et le clair; avec un artifice: la lanière de cuir (appelée «culeron») du harnachement qui surligne la croupe du cheval blanc et empêche celle-ci de se confondre avec le ciel…
 
   On distingue, dans le style de chaque peintre, (sa «touche»), d’une part, une texture «littérale», c'est-à-dire l’aspect de la surface peinte, qu’on voit, le nez collé au tableau et, d’autre part, une texture «figurée» c'est-à-dire l’évocation de la matière dépeinte qui ne se révèle qu’à la distance nécessaire à la contemplation.
   Or, ici, les deux se confondent; la minutie de l’artiste est telle que, vus  de près ou de loin, c’est la robe d’un cheval, le tissu d’un pantalon, la boue d’un chemin, que l’on perçoit. Il faut zoomer sur les herbes du premier plan pour  retrouver les traits de pinceau. On peut parler d’académisme, voire d’hyperréalisme…En tout cas, c’est l’expression d’un talent accompli... C’est ce qui fait l’originalité de ce tableau par rapport à l’ensemble de l’œuvre de Camille Greth.
     L’évocation du temps ne peut être que fictive sur une image, par définition immobile. Pourtant, l’allure des chevaux, le geste de la main pour retenir la casquette, mettent la scène en mouvement. La composition est bel et bien dynamique!...
    Enfin, alors qu’en principe la puissance narrative de la peinture est faible, force est de reconnaître que l’image de Greth est parlante. Il semble que le temps presse: le nuage gris qui s’avance dans le tableau est une menace, la femme, lourdement chargée, peine à avancer. On ne peut s’empêcher de comparer sa condition à celle de l’homme.
 
    Cette scène de genre est, par conséquent, un témoin éloquent d’une époque révolue. Elle occupe, dans l’œuvre de Camille Greth, une place prépondérante: elle est la preuve d’une incontestable virtuosité

 

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