Culturel




" Une vie, une Oeuvre, pour le plaisir

   des passionnés d'Art Alsacien "                      

                               

  Monographies de Peintres Alsaciens par François Walgenwitz
francois.walgenwitz@sfr.fr


                          

Louis-Philippe Kamm

(1882-1959)




Louis-Philippe Kamm 14Louis-Philippe Kamm, dans son atelier
© Verger Editions



Louis-Philippe Kamm et l’Alsace du nord, sont inséparables l’un de l’autre. Il en est le fils, elle en est la mère. On ne les conçoit pas l’un sans l’autre.

Kamm est assurément le plus alsacien de nos peintres. Son art, son style, lui-même, est étroitement lié au terroir. Il en a recueilli une popularité qui dépasse celle de tous les autres. Il était si indispensable à la renaissance de l’art en Alsace, après 1870, et si essentiel à cette terre, qu’il semble qu’elle ne pouvait se passer de lui.

Son œuvre est la respiration même de la terre où il est né

«Pour certains, dit Claude Odilé, il n’y a de vérité, de sincérité, d’art enfin, que dans le contact avec le sol dont ils sont issus. Kamm, au pays d’Alsace, est un produit naturel du sol. Il a respiré l’air vivifiant sur les larges flancs des collines. Il a regardé le bétail rentrer ou le laboureur sortir. Il a observé le vieillard et l’enfant, la charrue et le bœuf et l’âne et les outils…Son oeuvre est la respiration même de la terre où il est né.»

 
    Cette Alsace qu’il aime tant, qu’il incarne avec tant de force, c’est l’Outre-Forêt, c’est Wissembourg, le pays de Hanau, cœur de l’ancien comté de Hanau-Lichtenberg, capitale, Bouxwiller; région de douces collines en avant de l’escarpement des Vosges du Nord, autour des vallées de la Moder et de la Zinsel du Sud. Ce sont des villages tels que Hundspach, Hoffen, Oberseebach . Villages, gardiens des anciennes traditions transmises comme un patrimoine lié à la foi ancestrale, longtemps incontestée de la puissante catholicité ou issues des formes juridiques, sociales et religieuses de la Réforme luthérienne.


Les modèles de Louis-Philippe Kamm

Ces villages ont su conserver leur harmonie architecturale ainsi que les arts et traditions populaires. Robert Redslob qui a suivi, en 1937, un grand mariage protestant à Oberseebach et, en 1938, la procession de la Fête-Dieu à Schleithal, évoque avec respect et tendresse les modèles de Louis-Philippe Kamm. Les femmes avec leurs coiffes aux variantes légères selon qu’elles sont jeunes filles, mariées ou veuves, catholiques ou protestantes, leur port de tête altier, apparitions royales… Les hommes portant la longue redingote solennelle, balançant à la main le tricorne, le «Dreimaster».

    «Et quelles physionomies! Les lèvres minces et serrées se prolongent par de larges plis qui donnent au visage un caractère d’énergie presque farouche. Le nez hardi… comme taillé à la hache. Le front haut et ridé. Les yeux sous les paupières baissées, lancent des éclairs. Ce sont des expressions de statues antiques. Ce sont des profils romains…

    Quelles statures de géants. Quelle musculature. Quelle force contenue. C’est la force qui fouille la terre, l’asservit et l’oblige à livrer ses trésors. Spindler revoyait en ces titans les paysans du XVIème siècle qui, armés de faux, de massues, de lances et de Morgenstern, se jetaient à l’assaut des châteaux-forts et des chevaliers oppresseurs.»

    Ces physionomies sont décrites dans le style même et l’esprit de  Kamm.


Lousi-Philippe Kamm 15La Mariée d'Oberseebach - vers 1937 (détail) - Huile sur toile (92.5 x 73.5 cm)
Strasbourg - Musée Alsacien
© Serge Domini Editeur

     

    Louis-Philippe Kamm naît à Strasbourg le 11 avril 1882. Il est le fils de Louis-Philippe Kamm, né en 1843 à Kutzenhausen et de Marguerite Schaub. De 1897 à 1901, il est élève de l’école des Arts Décoratifs de Strasbourg. De 1901 à 1908, il est inscrit à l’académie des Beaux Arts de Munich. Il a d’abord (de 1901 à 1902) pour professeur Martin Feuerstein, peintre religieux germano-alsacien qui contribua à la formation de René Kuder; puis Peter Halm, que fréquenta Allenbach, et Frantz von Stück que connut Binaepfel… (De 1904 à 1908).


" Le maître de Drachenbronn "

    A partir de 1908, il se retire chaque année à Drachenbronn où son père a acquis une maison forestière et où son grand-père fut instituteur. Drachenbronn et Oberseebach sont désormais ses lieux de résidence privilégiées. D’où la dénomination de «maître de Drachenbronn» qui lui vient notamment de Robert Heitz. De 1911 à 1912, c’est à Paris qu’il parachève sa formation. Il y découvre Courbet, Cézanne et les Impressionnistes. Il se fait connaître du public en 1903 à Strasbourg, à l’occasion du Salon des Artistes Strasbourgeois qui se tenait au château des Rohan. Il n’y aurait vendu qu’une seule toile, nous dit Emmanuel Honegger. Cependant, en 1907, la ville de Strasbourg lui achète des illustrations pour des comptines. Et en 1908, les DNA lui proposent d’illustrer leur calendrier. C’est, d’ailleurs, essentiellement dans l’illustration qu’il œuvre entre 1908 et 1914: décoration du casino, résidence des ingénieurs de Pechelbronn, illustration de l’ouvrage «Der elsässische Garten», décoration de la console de l’orgue du temple protestant Saint-Paul. En 1918, prisonnier de guerre, il est interné dans le camp de Hameln. Il en rapporte nombre de peintures et de dessins.


 Louis-Philippe Kamm 16

Maquette pour un calendrier - Plume et lavis (35 x 45 cm)
© Verger Editions

   

    

    En 1919, il adhère au Groupe de Mai, crée et animé par Balthasar – Haug et Simon Levy, auquel appartiennent notamment Luc Hueber, Jacques Gachot, Edouard Hirth, Charles Schenckbecher, Martin Hubrecht ….Influencé par Cézanne et son fameux coup de pinceau «en facettes», les peintres du Groupe de Mai «s’efforcent d’attacher plus d’importance au véritable esprit cézannien, c'est-à-dire à la construction solide du tableau, à la simplification des volumes, à l’exaltation de la couleur. Kamm d’abord, mais aussi Schenckbecher, Luc Hueber, Hubrecht reviennent à une facture lisse, où le coup de pinceau épouse de près la forme.» (*)

    Dans les années 1920-21, il effectue des séjours et des voyages d’études en Savoie, dans le Midi, mais aussi à Florence, Ravenne et Venise. En 1925, il est nommé professeur aux Arts décoratifs de Strasbourg. En 1936, il s’installe à Oberseebach où il vient d’acheter une maison, celle de Drachenbronn devenant dès lors «s’Vacanzhiesle». Pendant les années de l’entre-deux guerres, il poursuit sa carrière d’illustrateur. Dans ce domaine, il donne, en 1936, toute sa mesure en illustrant d’une centaine de lavis «L’Ami Fritz» d’Erckmann-Chatrian, paru aux éditions La Vie en Alsace. «Ce fut un des succès les plus extraordinaires de l’édition en Alsace…à telle enseigne que tout récemment on décida de faire une réédition du fameux alsatique », dit Robert Heitz en 1973.

    En 1939, il est évacué à Périgueux comme bien d’autres frontaliers voisins de la ligne Maginot. Il y avait obtenu un contrat de fresques paysannes pour un château aquitain qu’il était sur le point de réaliser quand il reçut l’injonction de revenir en Alsace. En effet, dès 1940-41, on lui fait savoir que l’occupant exige son retour immédiat, faute de quoi il serait définitivement interdit de séjour dans sa chère province. «Malgré le risque que la guerre soit perdue un jour, Kamm revint à Strasbourg. L’Alsace était sa patrie, il l’aimait et elle le lui rendait bien. Rappelons-nous que dans les années 30, il fonda avec Charles Spindler la Fédération pour la conservation des costumes alsaciens.» (**)


Un directeur atypique de l'Ecole des Arts Décoratifs

    En 1946, à la suite du sculpteur Egon Gutmann, directeur de l’école des Arts Décoratif de Strasbourg pendant la guerre, il est nommé provisoirement à ce poste. Deux ans plus tard, la ville, conservant à l’école son statut municipal, Kamm est confirmé en tant que directeur. Lors de son installation, les premières paroles qu’il adressa à sa secrétaire, furent: «Ich will ke Papier un nix für schriewa!...» Et il lui dicta une lettre en Alsacien! Par conséquent, il n’est pas étonnant que Kamm passe 90 % de son temps dans son atelier de peintre, au troisième étage…Mais, personne parmi l’équipe pédagogique qu’il dirige jusqu’en 1953, ne trouve à redire à cela. Kamm était peintre avant tout. Claude Odilé le confirme: «Certes, ce n’est pas un directeur d’école. Personne n’a idée de voir en lui un directeur seulement. Cependant, il dirige, et fort bien, l’Ecole des Arts Décoratifs à Strasbourg. Elèves et professeurs l’abordent avec cordialité.» Il laisse généralement ses élèves libres de leur sujet. Et de leur style: «peins donc comme tu es, comme tu sens» dit-il un jour à Camille Claus, qui fit de ce précepte le guide de toute sa vie artistique…

    En 1921, Kamm est sociétaire du Salon d’Automne à Paris. En 1952, après la mort de Hansi (1951) il devient membre correspondant de l’Institut de France. Parmi les nombreuses expositions auxquelles il a participé ou qu’il a organisées à titre personnel, il convient de citer celle de 1904 à la Société des Amis des Arts et, la même année, celle du «Verband der Künstlerfreunde in den Länder am Rhein». Il expose régulièrement à la Maison d’Art Alsacienne, jusqu’en 1950, ainsi qu’à la galerie Aktuaryus, notamment en 1929,1931 et 1950. Il participe aux expositions du Groupe de Mai dès 1919. Il est également présent à la galerie Bernheim – Jeune de Paris et au Salon d’Automne à partir de 1921. Dans la période précédant la première guerre mondiale, il expose à Francfort, à Berlin, à Wiesbaden…

    Des expositions rétrospectives lui sont dédiées en 1960 et en 1974, à la Maison d’Art Alsacienne, en 1967, au Pavillon de l’Orangerie à Strasbourg, en 1984, à la bibliothèque municipale, rue Kühn à Strasbourg.

    Louis-Philippe Kamm décède d’un infarctus, le 16 juin 1959, à Strasbourg.




Louis-Philippe KammLes Moissonneurs - Huile sur toile - 1921 (120,5 x 130,5 cm)
Musée d'Art moderne et contemporain de Strasbourg
© Musées de Strasbourg

   

       


Le style, c'est l'homme...

    Pour comprendre le style de Louis-Philippe Kamm, il est indispensable de brosser un tableau de l’homme. Le style, c’est l’homme! N’est-ce pas?

    Claude Odilé voit Kamm comme «un bloc de chair solide, surmonté d’une tête et d’un chapeau sous lequel brillent des yeux malicieux.» C’est un peu court, d’autant plus qu’il oublie la pipe…Mais il évoque aussi son sens de l’intimité, de l’atmosphère, de l’humour. Emmanuel Honegger va plus en profondeur quand il examine l’influence que son frère a pu exercer sur lui. Charles, son frère aîné, était devenu prédicateur et poète après ses études de philosophie et de théologie à Strasbourg. «Ses textes étaient baignés de morale et de théosophie. Il n’est donc pas abusif de penser que les deux frères confrontaient leurs idées et leurs personnalités respectives et s’enrichissaient mutuellement de leurs discussions. Chaque livre publié par Charles n’est-il pas illustré par Louis-Philippe?» Or la théosophie, doctrine fondée sur la théorie de la sagesse divine omniprésente dans le monde manifesté, est encore d’actualité dans les années 20. Elle affirme notamment que toute chose, vivante ou pas, est imprégnée par la conscience. On peut penser que Kamm en était persuadé. Ce qui expliquerait que dans ses tableaux, tels Les Moissonneurs, «la nature semble s’associer aux humains dans l’expression de l’espoir et de la peine. Symboliquement, la vie humaine et la vie végétale semblent soumises aux mêmes vicissitudes.»

    Cet éclairage d’un climat familial et philosophique, poursuit Honegger «autorise une nouvelle lecture de Kamm, de son art et des personnages qui le peuplent. S’ils ont souvent un air absent, seraient-ils comme réifiés dans une nature personnifiée? Il y aurait osmose entre le vivant et le végétal, entre l’homme et son environnement. L’énergie ou plutôt le mouvement associé à l’éclairage sont caractéristiques de son œuvre de dessinateur.»

    Par ailleurs, il a tant regardé les travailleurs de la terre qu’il lui arrive de leur ressembler. Il inspire à son univers un caractère personnel. On dirait qu’il s’est peint lui-même dit Odilé. Consciencieux et probe, il aime faire poser ses modèles. Il leur arrache leurs secrets après de longues séances de pose.


Témoin providentiel d'une culture rurale authentique

    Kamm est un régionaliste convaincu. Il a saisi la chance de voir «vivre» l’âme alsacienne qui se manifestait par les coutumes et les pratiques religieuses et le port des costumes traditionnels. A l’instar de Charles Spindler et d’Anselme Laugel, il fut le témoin providentiel d’une culture rurale authentique qui revit en eux. En décrivant ces costumes, art mineur qui s’ignore, résultat d’un savoir-faire maintenant perdu, Louis-Philippe Kamm n’est pas seulement sensible aux formes, aux couleurs, à la magnificence et à l’étrangeté de telle ou telle pièce de l’habillement, mais à sa véritable signification, en tant qu’expression du caractère alsacien et de la fierté d’appartenir à une communauté originale et solidement structurée, affirmation publique, signe extérieur d’un désir de représentation, d’identification, d’un désir de plaire et de séduire…

    Kamm est intimement assuré, tout comme Spindler que «En Alsace, le paysan a conservé le sentiment de sa valeur et ce sentiment se traduit chez lui par une certaine dignité dans le maintien. Il est fier de l’affirmer par son costume.»

    Aussi, quelle vérité dans la représentation de ses paysannes et de ses paysans. A tel point que Claude Odilé a pu dire qu’en les peignant, il n’imite pas; il crée et reste lui-même. Car sa conception artistique découle de sa conception de vie. Il ne s’est pas contenté de peindre les paysans «agréablement, pittoresques». Observateur sensible, s’il est surtout reconnu comme le plus puissant de nos artistes de par la monumentalité de ses personnages, leur vigueur, leur force, leur santé, cette puissance n’exclut pas une certaine grâce comme le révèlent les charmantes têtes de fillettes.

    Sentant la vie paysanne beaucoup trop en profondeur pour se laisser détourner par des effets faciles comme dit Pierre du Colombier, il a su échapper au double écueil du «documentaire», risquant de se contenter de la surface des choses et de l’écueil de «l’anecdotique» comme s’il s’agissait de plaire en se bornant d’amuser.

    Cette indéniable valeur documentaire de l’œuvre de Kamm doit être évacuée pour juger de son style, de sa qualité artistique, dit très justement Robert Heitz, car «bien des gens ne voient d’une peinture que le «sujet», ce qui leur permet de mettre sur le même pied le grande artiste et le dernier des barbouilleurs.» Ne confondons donc pas le maître de Drachenbronn avec tels autres dont les œuvres présentent un certain intérêt documentaire, mais rien de plus ajoute-t-il!


Louis-Philippe Kamm 18Maternité - Plume et Lavis
© La Vie En Alsace - 1930


    Le fait que ses toiles se reproduisent de façon éloquente en noir et blanc (voyez les reproductions parues dans La Vie en Alsace des années 30), est une indication très nette d’un modelé soigné, régulier, renforcé par le passage insensible de la lumière la plus forte aux ombres les plus profondes. La lumière sculpte la forme et la forme dicte sa loi à la couleur dont le ton local garde toute sa valeur, comme le remarque Heitz sur la fillette de Schleithal.


Louis-Philippe kamm 19La filette de Schleithal - Huile sur toile
© La Vie En Alsace

    


Un artiste réaliste, classique, mais sensible...

    L’acuité de l’observation, la sincérité de l’interprétation font de Kamm un réaliste. Ses compositions sont en parfait équilibre parce qu’il groupe ses personnages à la manière d’un relief. Cette disposition, dit Robert Heitz, lui interdit tout mouvement trop vif des personnages (à l’inverse de Kuder et de Haffen…). «La sérénité du repos est plutôt son fait que la passion et l’agitation».

    C’est l’œuvre d’un dessinateur, d’un décorateur. Les traits caractéristiques de son grand style sont ainsi mis en exergue par Heitz: «Modelé puissant et sculptural, simplification des formes et des couleurs, composition dépouillée, sérénité allant jusqu’à l‘immobilité – voilà, à notre sens, ce qui distingue toutes les œuvres de Louis-Philippe Kamm. Ce sont les signes caractéristiques du style classique».

    Kamm est, parmi les peintres de sa génération, celui qui a le plus mobilisé les exégètes. Ceux-ci, pour guider l’amateur d’art au-delà de l’idée stéréotypée d’un Kamm rude et secret, d’un artisan régional, ont heureusement évoqué les autres facettes de son style. Kamm, lui-même, n’a-t-il pas dit, souvent avec véhémence: «Serais-je toujours condamné à ne peindre que des têtes de paysans?    Je ne suis pas le peintre de la ruralité. Comment pouvez-vous le croire? Voyez ma peinture plutôt que de la regarder!…».


Louis-Philippe Kamm 20
Paysage du sud - Huile sur bois (19 x 19 cm)
© Photo: F. Walgenwitz


    N’oublions pas que Louis-Philippe Kamm a fait partie du Groupe de Mai et qu’à cet égard, il a été fortement sensible à l’esprit de Cézanne. Il est sans doute très exagéré de prétendre qu’il fut «le plus cézannien de nos compatriotes», dixit Victor Beyer dans sa préface au Carnet de croquis d’Emmanuel Honegger. C’est ne pas tenir compte de Simon Lévy et d’Edouard Hirth. Cependant, «Paysage du Sud» est indéniablement marqué par le canevas et l’esprit même du maître d’Aix. Outre la construction solide qui est habituelle à Kamm, on remarque surtout la simplification des volumes, la sensibilité plus nuancée de la couleur qui lui confère une certaine puissance émotive, poétique. C’est la couleur qui construit le paysage car c’est elle qui crée la forme et atténue par là même la matérialité du tableau. Celui-ci fait tout de même exception puisque dans l’ensemble de son œuvre Kamm «part de la forme et refuse de jamais la perdre de vue». (*)

    Ses dessins de nus permettent aussi de découvrir un artiste sensible. Il y exprime une personnalité fine, à l’opposé des sujets «massifs, puissants, telluriques» (*) qu’on lui connaît. Ses sanguines, datées de 1919, nous livrent un monde tendre et sensuel. L’esprit de Kamm est sans doute plus tangible dans l’intimité de ces dessins. Cet aspect de son œuvre doit être distingué même si, lors de l’exposition du groupe de Mai, en 1928, Claude Odilé place un bémol en disant que «Kamm ne revit pas tout entier dans ses nus…»


Louis-Philippe Kamm 21
Georgette Kamm, l'épouse de l'Artiste - Mine de plomb (43 x 26 cm)
© Verger Editions


    Sa capacité de varier son style, la preuve que son talent sait également sourire, se manifeste dans son illustration pour «L’Ami Fritz» d’Erckmann – Chatrian. Les personnages sont rendus avec une ironie gentiment narquoise, ses paysages, ses intérieurs, finement éclairés, les natures mortes de ses culs de lampe, d’une ravissante fantaisie. L’Ami Fritz révèle la souplesse de son talent. Il lui a permis d’épanouir pleinement toutes ses qualités. «De plus, d’après Robert Heitz, il a réussi à rendre son véritable visage à une œuvre charmante qui était menacée d’être entièrement défigurée.»

 

Louis-Philippe Kamm est bien, avec Luc Hueber, le plus alsacien de nos peintres.

 

«Je ne sais pas, dit Claude Odilé qui l’a sans doute le mieux connu, ce que serait Kamm sans l’Alsace, mais je sais ce qui manquerait à l’Alsace si Louis-Philippe Kamm ne l’avait pas aimée.»


Bibliographie:

 

- Paul Lévy – Louis-Philippe Kamm- La Vie en Alsace, 1928

- Robert Heitz – Le Groupe de Mai, 1919-1939 – La Vie en Alsace, 1939 (*)

- Robert Heitz – Etapes de l’Art alsacien – Saisons d’Alsace – n 47, 1973

- Robert heitz – Le style de Louis-Philippe Kamm – La Vie en Alsace, 1928

- Emmanuel Honegger – Carnets de croquis – Editions Verger

- Claude Odilé – Louis-Philippe Kamm – La Vie en Alsace

- Claude Odilé – Les modèles de Louis-philippe Kamm – La Vie en Alsace

- Pierre du Colombier – Louis-Philippe Kamm – La Vie en Alsace

- Jean Gentzbourger – Louis-Philippe kamm – La Vie en Alsace

- Me François Lotz – Kamm Louis-philippe – 1882-1959 –Artistes Alsaciens de jadis et naguère 1880-1982  Editions printek, Kaysersberg

- Hélène Braeuner – Les Peintres et l’Alsace, autour de l’impressionnisme – La Renaissance du Liovre, 2003

- Pascal Jung et Jean-Claude Wey – Couleurs et Lumières d’Alsace- Les Petites Vagues éditions

- Catherine Jordy – L’Alsace vue par ses peintres – Serge Domini Editeur

   

Portfolio


Louis-Philippe Kamm 22Jeune femme en costume traditionnel de Schleithal – Huile sur toile
© La vie en Alsace




Louis-Philippe Kamm 23

Portrait de jeune femme en costume alsacien, 1947 - Huile sur toile (100 x 74 cm)

Musée d'Art moderne et contemporain de Strasbourg

© Musées de Strasbourg





Louis-Philippe Kamm 24

Jeune femme de Wissembourg – Huile sur toile
© La Vie en Alsace, 1926





Louis-Philippe Kamm 25

Paysan au verre de vin – Huile sur toile
© Musée historique de Haguenau




Louis-Philippe Kamm 26
Drachenbronn – Gouache
© Photo F. Walgenwitz




Louis-Philippe Kamm 27

Aquarelle
© Photo F. Walgenwitz




Kouis.Philippe Kamm 28 

Le tombereau - Huile sur toile (54 x 65 cm)
© Editions Les Petites Vagues



Louis-Philippe Kamm 29

Moisson – Huile sur contreplaqué, 1931 (27 x 35 cm)
Musée d'Art moderne et contemporain de Strasbourg
© Musées de Strasbourg



Louis-Philippe Kamm 30

Le Marché Neuf, Strasbourg, 1925 – Plume et lavis
© Editions Verger




Louis-Philippe Kamm 31

Puits à balancier de Müntzenheim, 1900 – Mine de plomb
© Editions Verger




Louis-Philippe Kamm 32
Exode, 1940 - Plume et aquarelle
© Editions Verger



Louis-Philippe Kamm 33
Paysanne endormie - Huile sur toile
© Musées de Strasbourg



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