Culturel




" Une vie, une Oeuvre, pour le plaisir

   des passionnés d'Art Alsacien "                      

                               

  Monographies de Peintres Alsaciens par François Walgenwitz
francois.walgenwitz@sfr.fr
                      

 

Joseph et Jean Brenner 

  

Joseph et Jean Brenner 01c.jpg Joseph et Jean Brenner 02c.jpg
Brenner Joseph
Photo: L’Alsace, 1974
Brenner Jean
Collection particulière



    De nombreux artistes ont affiné leur talent en baignant dans un univers adéquat dès leur enfance. Plusieurs facteurs socio-environnementaux entrent en jeu dans cette occurrence, c’est l’influence du milieu. Mais il y a aussi ce qu’on appelait «les forces de la vie», ce mystérieux mécanisme qui transmet le talent des ascendants aux descendants, c’est l’héritage génétique. Or de nombreuses études suggèrent que la génétique joue un rôle important dans le façonnement de nos capacités créatives. Elle serait donc à l’origine des dynasties artistiques telles les Bruegel, les Bach, pour citer les plus célèbres.

    Découvrons, tout près de nous, dans notre paisible Sundgau, la dynastie des Brenner, certes plus modeste; trois générations d’artistes aux talents et aux moyens d’expression variés. L’initiateur, prénommé Joseph, tailleur de pierre et «un peu sculpteur, était formidable» selon le témoignage que son fils, également prénommé Joseph, donna à Patrice Howald venu l’interviewer en 1974. Il est passé à la postérité par les éléments architecturaux dont il orna la chapelle du Collège épiscopal de Zillisheim: des frises, des corniches, des chapiteaux, ainsi que le bas-relief de la façade et le philosophe en bois de l’escalier d’honneur

 

Joseph et Jean Brenner 03c.jpgCollection particulière

Le philosophe de l’escalier d’honneur

 

 

 

Joseph Brenner

(1911 - 2001)

 

 

    Joseph Brenner, Fils de Joseph…, est né à Mulhouse, le 18 octobre 1911. Enfant, il habite Zillisheim dont il fréquente l’école primaire. La maison qu’il occupe avec ses parents est détruite pendant la 1ère Guerre Mondiale. «Tout était à refaire! C’était une enfance pas très heureuse. […] Qu’on ne me parle pas du bon vieux temps…», déclarera-t-il plus tard. A l’âge de 14 ans, flânant le long de l’Ill, Joseph croque ses premiers paysages. C’était en 1925. Cette année-là, il entre en apprentissage comme dessinateur textile «10 heures par jour! Je finis par travailler à l’atelier Hublard. Je suis heureux…», reconnaît-il. Parallèlement, il peut fréquenter, pendant 4 ans, de 1924 à 1928, l’Ecole de Dessin de la Société industrielle, la SIM. Il travaille, ensuite, comme créateur de dessins textiles, tant à Mulhouse qu’à Paris où il reste de 1930 à 1932. Puis, il est employé chez Léon Kittler «connu partout et qui l’est toujours» affirme-t-il…

    De 1933 à 1934, c’est l’appel sous les drapeaux à Chaumont, dans la fraîcheur et sous les ondées lacrymales du plateau de Langres…Son engagement dans la «musique du régiment», le met heureusement à l’abri de ce climat sévère. Il joue de la flûte et du picolo. Bien plus tard, ayant retrouvé une flûte lors d’un déménagement, son épouse l’a nettoyée, «un admirable instrument. Il s’y est remis» se rappelle-t-elle amusée. «Oui, il est vrai, reprit Joseph, j’aime la musique!»

    1935, marque le début de son destin d’artiste-peintre. Il présente ses premières œuvres dans une galerie de Mulhouse, une papeterie à l’époque. Ses bouquets, un des thèmes qui le rendront célèbre, rencontrent un grand succès auprès du public. Dès lors, grâce à cette réussite et, du fait de la crise du textile qui sévit en 1939, il abandonne son métier de créateur textile pour se consacrer à son art.

 

Joseph et Jean Brenner 04c.jpgPhoto: F. Walgenwitz

L’Atelier

 

   

    Survient la «drôle de guerre» et la défaite de 40. Mobilisé, il est vite fait prisonnier à …Ingersheim. Il est heureusement libéré au bout de quelques semaines «en tant qu’Alsacien»! De 1940 à 43, Joseph s’adonne à la peinture, organise des expositions…pour vivre! Le succès est inattendu, mais il est bien là! Une fois par semaine, il retrouve à Strasbourg, le professeur Hans Mathis (1882-1944), ancien élève de Lothar von Seebach, peintre paysagiste d’abord, qui s’oriente vers le portrait, les natures mortes, les fleurs… En 1944, comme tant d’autres en cette année cruciale, il est incorporé de force en Bavière, dans l’aviation, évitant le pire «Dieu merci». Libéré par les américains, il regagne Mulhouse dès 1945.

    La paix revenue, la vie d’artiste reprend tous ses droits. Il acquiert un atelier rue Josué Heilmann. En 1946, il est nommé professeur à l’Ecole des Beaux-Arts de Mulhouse placée sous la direction d’Albert Morhain, puis, après 1952, celle d’Auguste Boehringer. Il restera en fonction jusqu’en 1971, quand sonnera l’heure de la retraite. En 1947, il habite rue Furstenberger, puis avenue Salengro, dans la maison d’Ernest Meininger, architecte, historien. Joseph métamorphose le grenier en un clair atelier d’artiste qui ouvre de larges baies sur le parc Salvator «Ainsi le vieux toit abrite une âme sensible et l’art a toujours droit de cité dans la maison des Meininger», écrit L.-P. Lutten

Enfin, en 1972, il s’installe à Hochstatt au 40, rue de la Carrière «C’est une maison neuve et chaleureuse pourtant», constate avec ravissement Patrice Howald. Il ne la quittera plus. Son atelier, dédié aux «Mésanges», est ouvert «à qui veut le voir». Il sera l’écrin de ses nombreuses expositions.

    A la suite de la maladie de son épouse, il ferme la galerie qu’il possédait à Mulhouse, rue de l’Arsenal, de 1965 à 1971. C’est donc à Hochstatt que les expositions personnelles se succèdent, chaque année, au mois de novembre quand il devient difficile à l’artiste de planter son chevalet dans la nature. Chacune est un événement, présentant jusqu’à cent tableaux. Certaines comptent plus que d’autres, ainsi celle de 1995, sa 65ème, celle de son 85ème anniversaire et de ses noces de diamant. Un record, sans doute!... Par ailleurs, on compte plus d’une vingtaine d’expositions dans toute la région, à Mulhouse, Colmar, Strasbourg, Saint-Louis, Altkirch…

 

Joseph et Jean Brenner 05c.jpgPhoto: F. Walgenwitz

Affiche de l’exposition de 1994

 

 

    «Il participe aussi à des expositions collectives, notamment celles de la Société des Artistes de Mulhouse à la SIM de 1939 à 1965, au Salon des Artistes français à Paris de 1937 à 1940, à l’exposition «Les Vosges vues par les artistes» à Colmar en août 1955, au Premier Salon international de Cernay en 1979 et 1980.» (1)

    «Je pars, je suis sur un sentier, je connais mon bonheur!...», déclare Joseph Brenner, peintre paysagiste. Après la Provence, «sa nostalgie secrète» (1) et le Tessin, après les Vosges et le vignoble, il se consacre à l’extrême douceur, à la pacifique beauté du Sundgau, qui a fait du calme son emblème, réputé vert paradis dont l’artiste essaie de percer les secrets et de capter ce qui survit au modernisme invasif, générateur de banalité et d’uniformité. En 1992 dans une interview accordée à André Thévenot, Joseph Brenner s’interroge: «Je ne retrouve plus le temps des moissons que je comparais à une belle neige tant elle avait de charme et de contraste dans la symphonie de ses couleurs jaunes et, en arrière-plan, un clocher qui pointait. C’est rare, aujourd’hui de cueillir des coquelicots dans un champ de blé» Même jugement attristé devant l’infini des espaces «vert-maïs» et les maisons aux façades agressives. «Je ne comprends pas que l’on accepte ces tons violents, tel le rose vif.»

 

Joseph et Jean Brenner 06c.jpgCollection particulière

Refuge du Rainkopf

Huile sur toile

Joseph et Jean Brenner 07c.JPGCollection particulière

Goldbach

Huile sur toile

 

    Les vues d’ensemble, panoramiques à l’occasion, alternent avec les trésors discrets, voire cachés: une cour de ferme, une fenêtre fleurie, un ancien four à pain, une mansarde rustique, une fontaine, un calvaire… «Parfois, je cherche pendant des jours entiers, un cadre pittoresque.» Fislis, Zillisheim, Froeningen, Wittersdorf, Mertzen, Eglingen,…comptent parmi les pépites de son Sundgau éternel.

 

Joseph et Jean Brenner 08c.jpgPhoto: F. Walgenwitz

Tagsdorf, Wittersdorf, 1985

Huile sur toile

 

 

Joseph et Jean Brenner 09c.jpgPhoto: F. Walgenwitz

Printemps à Zillisheim

Huile sur toile

 

Joseph et Jean Brenner 10c.jpgCollection particulière

Froeningen

Huile sur toile


Joseph et Jean Brenner 11c.jpgPhoto: F. Walgenwitz

Calvaire à Hochstatt

Aquarelle


Joseph et Jean Brenner 12c.jpgPhoto: F. Walgenwitz

Saint-Ulrich

Aquarelle

 

    Joseph Brenner est, par ailleurs, connu comme un exceptionnel peintre de fleurs. Il capte l’évanescence de ce moment où les fleurs coupées sont vouées à faner, à mourir. En les peignant, il les préserve pour toujours. C’est ainsi que l’art devient réalité, égalant la nature. En outre, Joseph Brenner excelle dans ses dessins et ses natures mortes.

 

Joseph et Jean Brenner 13c.jpgPhoto: F. Walgenwitz

Bouquet tricolore

Huile sur toile


Joseph et Jean Brenner 14c.jpgPhoto: F. Walgenwitz

Les Lilas

Huile sur toile


Joseph et Jean Brenner 15c.jpgPhoto: F. Walgenwitz

Les Glaïeuls

Huile sur toile


Joseph et Jean Brenner 16c.jpgPhoto: F. Walgenwitz

Les Jonquilles

Huile sur toile

 

Joseph et Jean Brenner 17c.jpgPhoto: F. Walgenwitz

Eglingen

Encre

 

    Paysagiste et, avant tout, excellent aquarelliste, Joseph Brenner peint en plein air, assis sur son siège pliant, devant son chevalet astucieusement organisé. L’aquarelliste, s’il veut évaluer les valeurs, trouver les bonnes couleurs, la belle lumière, celle qui éveillera l’émotion du spectateur, se doit de peindre sur le motif. «Avant de tracer un croquis préalable à toute composition, picturale, j’étudie la manière dont je vais construire mon œuvre.» A l’aide de son instrument de mesure: une petite fenêtre rectangulaire découpée en quatre parts égales, il cherche le meilleur angle en plaçant le point fort dans l’un des espaces. «Sur la toile, c’est ainsi que la chapelle (St-Brice, près d’Oltingue) sera placée», confie-t-il à André Thévenot qui l’a accompagné ce jour-là. Il reviendra souvent sur le terrain pour parfaire son tableau. «Aujourd’hui, les peintres prennent des photos et travaillent à la maison. Les gens sont surpris de me voir peindre en pleine nature. Dans ma toile, je mets tout ce qui est en moi, l’émotion…et le sérieux».

 

Joseph et Jean Brenner 18c.jpgPhoto: F. Walgenwitz

Eglingen

Aquarelle


Joseph et Jean Brenner 19c.jpgPhoto: F. Walgenwitz

Fislis

Aquarelle

 

Joseph et Jean Brenner 20c.jpgCollection: Musée Sundgauvien

Sous-Bois

Aquarelle

 

 

    Il crée ses œuvres au rythme des saisons. Dans ses jeunes années, il affrontait les sommets des Vosges pour saisir les paysages d’hiver «Parfois, j’avais les pieds gelés…» Plus tard, moins alerte, il peignait des natures mortes, des bouquets, à la morte saison. Mais, «dès le mois de juin je prenais la route», tient-il à rappeler.

    Interrogé sur son art, il affirme à Patrice Howald: «Je vois la chose avant de m’occuper du sujet. Je suis très classique…» Sa ligne de conduite: «Travailler la lumière et rester pur dans la création sans jouer faussement sur la palette des couleurs.» Rester fidèle aux fondamentaux, rester fidèle à lui-même.

 

Joseph et Jean Brenner 21c.JPGPhoto: F. Walgenwitz

Bord de l’Ill

Huile sur toile

 

 

          «Tel est aussi le message qu’il a voulu transmettre à ses élèves pendant les trente années de professorat à l’Ecole des Beaux-arts de Mulhouse où il compte les plus grands peintres parmi ses élèves» (4)

          A la question: «Qu’est-ce que vous attendez de la vie?» que lui avait posée Patrice Howald, Joseph Brenner a répondu: «Pouvoir continuer à faire ce que j’ai à faire. Dire «oui» à l’exigence qui est en moi.

-       C’est une manière d’être heureux?

-       Oui, très»

 

Laissons le dernier mot à L.-P. Lutten qui, dans son hommage «Un artiste-peintre mulhousien, Joseph Brenner, sous le toit d’Ernest Meininger» a dit:

«Lorsqu’auront cessé de peintre ceux dont l’art est proche de celui de Joseph Brenner, je crains fort qu’aura disparu la race des artistes inspirés par les Vosges, le Ried, le Sundgau et qui savaient si bien nous les rendre dans leur pacifique beauté»

 

 

 

Jean Brenner

(1937 - 2009)


Joseph et Jean Brenner 22c.jpgPhoto: F. Walgenwitz

Croquis par Christine Zeller

 

 

 
    Si le père, Joseph, dans un style «très classique» a consacré la «pureté de son art» presque exclusivement à son Sundgau natal, le fils, Jean, «polytechnicien de l’art», pour qui l’acte de peindre prime sur le thème est animé d’une «inspiration universelle».

 

    Jean Brenner est né à Mulhouse, le 23 avril 1937. Il est donc le fils unique de Joseph  et de Rose Bruchlen, poétesse dialectale.

    Dès 1945, il prend des cours de dessin auprès d’Albert Morhain, professeur à l’Ecole des Beaux-Arts de Mulhouse, paysagiste et excellent portraitiste. En 1956, il rejoint cette même école et obtient, en 1959, le diplôme de dessinateur dans la section publicité. Ses études sont interrompues pendant 32 mois par la guerre d’Algérie: expérience traumatisante…. Il en rapporte plusieurs lithographies

 

Joseph et Jean Brenner 23c.jpgCollection Bibliothèque de Mulhouse

Fonds Lang-Verly Plano © Ville de mulhouse

Khamissa, frontière algéro-tunisienne

Lithographie


Joseph et Jean Brenner 24c.jpgCollection Bibliothèque municipale de Mulhouse

Fonds Lang-Verly Plano ©Ville de Mulhouse

Guelma, Algérie

Lithographie

Dédicace: «A Mr Lang avec mes meilleures pensées»


    A son retour, il prépare le C.A.F.A.S. (Certificat d’Aptitude à une Formation Artistique Supérieure) avec Léon Lang, professeur d’histoire de l’art et de dessin, qui lui donne sans doute le goût de la gravure et de la lithographie et Auguste Boeringer, alors directeur de l’école, paysagiste à la palette chaude et vivante. Il est également l’élève de Charles Fuetsch, excellent paysagiste qui rompt avec l’académisme pour s’adonner à d’audacieuses recherches dans une optique impressionniste. En plus de celles de son père et de Robert Breitwieser, leur influence sur sa carrière d’artiste sera particulièrement sensible.

    Ses premières expositions régionales, à Mulhouse, Colmar et Strasbourg, remontent à1965. Depuis 1969, il a organisé de nombreuses expositions personnelles, notamment à Strasbourg, Cannes, Nice, Bruxelles, Bâle, New-York…A l’occasion de ses 50 ans de carrière, la Ville de Mulhouse lui a consacré, à l’automne de 2008, au Musée des Beaux-Arts, une exposition rétrospective retentissante. Elle a été vue par plus de 2500 visiteurs. Elle se composait de 105 œuvres, réparties de manière thématique.

 

Joseph et Jean Brenner 25c.jpg

 

 

    Il a, en outre participé à d’importants salons et festivals. Notons ceux de Strasbourg à la Maison d’Art Alsacienne,  Cannes, Marseille, Deauville, Juan-les-Pins, Lyon, Berlin, au Centre Culturel Français, en 1971, Heidelberg, au Festival d’Art Fantastique franco-allemand, en 1976, Genève, Zurich, Grande-Bretagne, au Nicholson Institut, Leek, New-York, Padoue, Milan, Florence…

    L’homme et l’œuvre ont été distingués à de nombreuses occasions en France et à l’étranger:

-       Second Prix du Grand Prix International de peinture de Cannes en 1972

-       Palme d’Or des Beaux-Arts de Monte-Carlo en 1974

-       Prix d’Honneur du Grand Prix des 7 Collines de Rome en 1975

-       Médaille d’Or et 1er Prix du Grand Prix International d’Art Contemporain du Palais du Rhin à Strasbourg en 1976

-       Médaille de Bronze et Grand prix de Peinture à Juan-les-Pins en 1977

-       Prix d’Excellence du salon d’Automne de Marseille en 1978

-       Médaille d’Or, Europa Art à Colmar en 1979

-       Grand prix de la Quadriennale d’Art Contemporain de Lyon en 1980

-       Prix Albrecht Durer à Monte-Carlo en 1981

-       Médaille d’Or  au Palais des Congrès à Strasbourg en 1983

-       Prix 1984 de l’Académie Internationale de Lutèce

-       Prix du Conseil Général du Haut-Rhin à Mulhouse en 1998

-       Correspondant du département des Beaux-Arts de l’Académie d’Alsace, en 2001

-       Diplôme d’Honneur de l’Académie d’Alsace en 2005

-       Palme d’Art du Festival de Cannes en 2007

-       Trophée de la Culture Européenne à Strasbourg en 2007

-       Trophée d’Honneur du Jubileum 70 à Colmar en 2008   

    

Il est également membre de l’Académie des Beaux-Arts d’Italie.

 

    Ayant le goût de l’expérimentation, lauréat de 17 diplômes en art, Jean Brenner s’essaie à une vingtaine de spécialités. Peintre, sculpteur, musicien, poète, photographe, il maîtrise l’ensemble des techniques, mais c’est la peinture qui le rendra célèbre. Il acquiert une parfaite connaissance du dessin, «dans la pure tradition mulhousienne des dessinateurs industriels.». (3)

 

 

Joseph et Jean Brenner 26c.jpgCollection particulière

Bouquet

Huile sur toile

 

Joseph et Jean Brenner 27c.jpgCollection Bibliothèque Municipale de Mulhouse

Fonds Lang-Verly Plano © Ville de Mulhouse

Fleurs et fruits

Lithographie

Dédicace – A Jacqueline Verly, avec mon admiration


Joseph et Jean Brenner 28c.jpgPhoto: F. Walgenwitz

Nature morte au couteau

Crayon

 

Joseph et Jean Brenner 29c.jpgCollection particulière

INRI

Modelage

 

Joseph et Jean Brenner 30c.jpgCollection particulière

Céramique

 

 

    Passionné des arts graphiques dès ses débuts, Jean Brenner devient «un artiste graphique très sensible, doté d’un sens aigu des nuances presque picturales, même lorsqu’il s’agit de noir et blanc.» (DNA), dans des techniques allant du monotype à la lithographie, en passant par le bois et l’eau forte. Jean Brenner donne, selon Roland Fischer (in L’Alsace), «un aperçu éblouissant d’un talent en plein épanouissement».

 

Joseph et Jean Brenner 31c.jpgCollection Bibliothèque Municipale de Mulhouse

BM Plano © Ville de Mulhouse

Marais

Lithographie


Joseph et Jean Brenner 32c.jpgPhoto: F. Walgenwitz

Rosine

Monotype

 

 

    Son goût de la tentative se manifeste également sur ses toiles, son support  d’expression favori. Huile, acrylique, laque, pastel gras, sanguine, encre, lavis, sont ses domaines d’excellence. Il est par ailleurs décorateur et illustrateur. Parmi ses décorations, il faut citer celle de l’Ecole Maternelle de Brunstatt et la grande fresque sur verre d’un cinéma mulhousien. Il illustre « La Mare au Diable» de George Sand et une œuvre personnelle  «Si Mulhouse m’était conté»

    A la différence de Joseph, son père, il ne produit ni aquarelles ni gouaches et ne peint jamais en plein air. Ses paysages sont des souvenirs. Point d’imitation…Dans la conception de son art, le sujet (le thème) est secondaire. L’essentiel, c’est l’acte de peindre. «Je me situe au seuil de l’abstraction et le motif n’est qu’un prétexte à l’explosion des couleurs» aimait-il à dire. Pourtant, son inspiration est universelle: la femme, les compositions de nus, les portraits, les fleurs, la mer, l’Histoire et diverses références culturelles, sont les facettes de sa thématique. «Jean Brenner ne cherche pas à retrouver la réalité mais à sublimer le monde.» (2)

 

Joseph et Jean Brenner 33c.jpgCollection Bibliothèque Municipale de Mulhouse

BM plano © Ville de Mulhouse

Petite Muse

Lithographie


Joseph et Jean Brenner 34c.jpgCollection particulière

Naissance de Vénus

Huile sur toile

 

«L’amour et les femmes ont été mes principales muses, j’ai toujours peint avec acharnement, épuisant toutes les possibilités d’aborder un modèle en des dizaines de variantes»

 

Joseph et Jean Brenner 35c.jpgCollection particulière

Portrait

Huile sur toile

 

 

Joseph et Jean Brenner 36c.jpgCollection bibliothèque municipale de Mulhouse

Fonds Lang-Verly plano © Ville de Mulhouse

Hommage à Pablo, 1967

Lithographie


Joseph et Jean Brenner 37c.jpgCollection particulière

Fleurs

Huile sur toile

 

 

Joseph et Jean Brenner 38c.jpgPhoto: F. Walgenwitz

Marine

Huile sur toile

 

    Son style est marqué par l’harmonie, l’équilibre de sa palette et la sublimation de la couleur «qui lui est venue de ses Fleurs qui sont avant tout des taches de couleurs, sujet qui l’a mené à flirter avec l’abstraction.» (2) Et ce, par le moyen d’une matière épaisse et des couleurs énergiques qui confèrent à ses marines et à ses paysages un dynamisme remarquable - la force du geste – «Jean Brenner est un artiste puissant; on aime sa vision des choses, le dépouillement, voulu de ses compositions et natures mortes» (Hebdomadaire Côte d’Azur)

    Passionné de musique, il adapte ses croquis de concerts, vifs et colorés, au style du compositeur: «tendre pour Chopin, échevelé pour Paganini»…(3)


Joseph et Jean Brenner 39c.jpgPhoto: F. Walgenwitz

Rade de Toulon

Huile sur toile


Joseph et Jean Brenner 40c.jpgPhoto: F. Walgenwitz

Ciel d’Orage

Huile sur toile

 

Joseph et Jean Brenner 41c.jpgCollection particulière

Océan

Technique hybride

 

    Notons que, selon la revue Moderne des Arts (Paris), les tendances de Jean Brenner à la «Nouvelle figuration», s’épanouissent en un art condensé, malgré la diversité des techniques et des formes d’expression. De quoi s’agit-il? La «Nouvelle Figuration» est un mouvement artistique qui, par opposition à l’abstraction prédominante dans les années 1950 se dirige vers une figuration narrative. Elle voit le jour en 1964, en réaction à la censure qui frappait régulièrement les infos liées aux «Evénements d’Algérie» Elle utilise l’actualité à des fins critiques.

    En quoi Jean Brenner serait-il concerné? Patrice Howald, dans son texte «L’Enfant de la guerre», affirme que Jean Brenner prône la fraternité vraie, la vérité, la justice. «Il enfonce le couteau dans la pâte des couleurs. Le stylo crève le papier. Il exige […], il dévore la réalité et en fait SA vérité.» Quant au rédacteur de la Revue Moderne des Arts, il se réfère sans doute à son exposition rétrospective organisée en 1994, à l’Hôtel de Ville de Saint-Louis, consacrée à la période 1968-1994. Elle est exclusivement dédiée au thème de l’Histoire. Elle se déclinait en trois volets, soit 53 œuvres:

    Fortitude (Energie morale devant un danger ou une souffrance) qui comporte notamment un hommage aux «Malgré-Nous».

    Overlord (Nom de code de la Bataille de Normandie), huiles, monotypes évoquant Sword, Gold, Utah Beach…

    Dragoon (Dragon, soldat d’infanterie montée) qui concerne le périple de la 1ère Armée Française depuis le débarquement en Provence jusqu’au nid d’aigle de Berchtesgaden, la Résistance…

    N’ayant pas pu contacter la famille de Jean Brenner, malgré nos recherches, nous sommes dans l’impossibilité d’illustrer cet aspect de la carrière de l’artiste.

    Ses toiles sont chargées de souffrance lorsqu’il évoque le retour des Malgré-Nous  ou celui des soldats d’Algérie. «Ma palette est alors devenue violente et sanguine, mon geste brutal.», fait-il remarquer. (3)

Au préalable, Jean Brenner était en partenariat avec la municipalité de Saint-Louis qui lui a confié la réalisation de l’affiche de la Foire du Livre, en 1991 et 1992

 

 

 

Joseph et Jean Brenner 42c.jpgCollection: Service du patrimoine

 

 

Joseph et Jean Brenner 43c.jpgCollection: Service du patrimoine

 

 

L’œuvre de Jean Brenner, émouvante, passionnée, est un hymne à la nature et à la vie. Celle d’un humaniste, ancré dans son époque.

 

 

 


 

Bibliographie

 

-       Me François Lotz – (1) Artistes-peintres alsaciens de jadis et naguère – Ed. Printek, 1987

-       Musée des Beaux-Arts de Mulhouse - Dossier de presse «Rétrospective» Jean Brenner  (2)

-       Musée des Beaux-Arts de Mulhouse – Jean Brenner, Rétrospective 2008 – (3)

-       Patrice Howald (4) – Joseph Brenner parle du beau temps de peindre et attend votre visite – L’Alsace – 3 novembre 1974

 

        





 

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